Le contribuable parisien a bon dos
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A plusieurs reprises l'association Sauvons le Grand Ecran a été amenée à répondre dans le détail aux propos erronés tenus depuis des mois sur le Grand Écran Italie*. Il est donc consternant de constater qu'après tout ce temps ce sont toujours les mêmes arguments fallacieux qui servent à justifier le projet de destruction pure et simple de ce fleuron du patrimoine architectural et culturel situé en plein coeur du 13ème arrondissement de Paris.
Exemple parmi tant d'autres : dans l'article publié le 14 octobre 2010 dans Le Parisien ("Ils rêvent d'un nouvel avenir pour le Grand Ecran Italie") la transformation de ce complexe audiovisuel d'exception en banales surfaces commerciales est motivée par une baisse de fréquentation de 12% en 2005. Sans préciser que cette baisse était conforme à la moyenne nationale cette année-là, et que malgré la concurrence féroce des multiplexes et une piètre programmation le Gaumont Grand Écran se maintenait en 2004 dans le peloton de tête des meilleures fréquentations de la capitale(1). Ce qui n'a pas empêché la société EuroPalaces (Pathé-Gaumont) de signer une promesse de vente avec une société immobilière dès octobre 2004 !
En vérité tous les prétextes sont bons pour justifier une opération purement mercantile, y compris de faire passer pour "obsolète" et "non-rentable" cette salle emblématique, présentée quelques années plus tôt comme "LA" salle du XXIème siècle, et qui jusqu'à sa fermeture prématurée début 2006 continuait à attirer des spectateurs venus de loin assister à un film dans des conditions incomparables.
Quant à savoir, selon le maire du 13ème, si "les habitants ne verraient pas forcément d'un bon oeil qu'on dépense des millions pour projeter des films commerciaux", de quel oeil les parisiens doivent-ils considérer l'abandon par EuroPalaces des obligations du cahier des charges signé avec la Ville de Paris, qui prévoyait d'y programmer bien autre chose que des "films commerciaux" ? Et a-t-on demandé l'avis des citoyens sur les sommes pharaoniques dépensées sur les deniers publics pour l'aménagement du Centquatre(2) dans le 19ème (un investissement de plus de 130 millions d'euros, 8 millions d'euros de subventions annuelles de la Ville de Paris) ? De même la réhabilitation et l'isolation phonique du Louxor(2) dans le 18ème (pour un coût de 30 millions d'euros) justifie-t-il de laisser à l'abandon le Grand Écran Italie(3) déjà doté, lui, d'une parfaite isolation et accessibilité ?
Contrairement aux propos du maire, il ne s'agissait donc pas pour la Ville de "se substituer au privé" mais de faire respecter la convention qui garantissait l'exploitation culturelle du lieu.
Par ailleurs la séparation argent public/privé n'est pas aussi catégorique que les élus du 13ème veulent bien le faire croire. Le Grand Écran, présenté à sa construction comme une réalisation de la municipalité, n'a-t-il pas bénéficié d'un financement public sous la forme d'un prix préférentiel accordé sur le terrain, en contrepartie d'un certain nombre d'obligations « essentielles et déterminantes » pour la Ville de Paris, et néanmoins jetées aux orties ? Aussi, même détenu par des fonds privés ce complexe multiculturel sans équivalent dans toute la région n'en reste pas moins un équipement « d'intérêt général » investi d'une mission de service public qui n'a pas été respectée.
A l'heure où les cinémas se mettent à la retransmission par satellite de grands évènements culturels et sportifs(4), pour laquelle cette salle décidément en avance sur son temps a été spécialement conçue, c'est à juste titre qu'on peut "rêver d'un nouvel avenir pour le Grand Écran Italie"... Et s'interroger sur l'étrange obstination des pouvoirs publics à refuser toute recherche de solution culturelle alternative, revenant à cautionner le fait de faire financer par le contribuable parisien un profit immobilier pour Gaumont.
* voir nos précédentes RÉPONSES AUX ARGUMENTS des élus sur le site sauvonslegrandecran.org
(1) voir "Le Grand Écran Italie en chiffres et en images"
(2) voir : "Brèves de salles"
(3) dont le prix indiqué dans la promesse de vente se monte à 7 millions d'euros
(4) voir "Le retour en grâce des salles uniques ?" et "Le Grand Ecran ferait une salle IMAX de premier choix"
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