LE PARISIEN - Ils rêvent d'un nouvel avenir pour le Grand Ecran Italie
"Ils rêvent d'un nouvel avenir pour le Grand Ecran Italie", par Christine Henry
- 14 octobre 2010
Le Grand Ecran Italie refait surface ! La semaine dernière, les élus de l’opposition municipale du XIIIe ont déposé un vœu au conseil d’arrondissement* pour qu’une commission de concertation sur l’avenir de ce cinéma du centre commercial Italie 2 soit créée...
(Télécharger l'article au format PDF / JPG / ou sur LeKiosque.fr, p.48)
* rejeté par l'ensemble des élus de la majorité municipale.
↓↓↓
Voir notre RÉPONSE aux arguments du maire (Le contribuable parisien a bon dos !) :
A plusieurs reprises l'association Sauvons le Grand Ecran a été amenée à répondre dans le détail aux propos erronés tenus depuis des mois sur le Grand Écran Italie*. Il est donc consternant de constater dans cet article du Parisien que ce sont toujours les mêmes arguments fallacieux qui servent à justifier la destruction pure et simple de ce fleuron du patrimoine architectural et culturel situé en plein coeur du 13ème arrondissement de Paris.
Parmi les motifs visant à légitimer la transformation de ce complexe audiovisuel d'exception en banales surfaces commerciales on invoque une chute de fréquentation de 12% en 2005, sans préciser que cette baisse était conforme à la moyenne nationale cette année-là, et que malgré la concurrence féroce des multiplexes et une piètre programmation le Gaumont Grand Écran se maintenait en 2004 dans le peloton de tête des meilleures fréquentations de la capitale(1). Ce qui n'a pas empêché la société EuroPalaces (Pathé-Gaumont) de signer une promesse de vente avec une société immobilière dès octobre 2004 !
En vérité tous les prétextes sont bons pour justifier une opération purement mercantile, y compris de faire passer pour "obsolète" et "non rentable" cette salle emblématique, présentée quelques années plus tôt comme "LA" salle du XXIème siècle, et qui jusqu'à sa fermeture prématurée début 2006 continuait à attirer des spectateurs venus de loin assister à un film dans des conditions incomparables.
Quant à savoir, selon le maire du 13ème, si "les habitants ne verraient pas forcément d'un bon oeil qu'on dépense des millions pour projeter des films commerciaux", de quel oeil les parisiens doivent-ils considérer l'abandon par EuroPalaces des obligations du cahier des charges(2) signé avec la Ville de Paris, qui prévoyait d'y programmer bien autre chose que des "films commerciaux" ? Et a-t-on demandé l'avis des citoyens sur les sommes pharaoniques dépensées sur les deniers publics pour l'aménagement du "104" (ou Centquatre) dans le 19ème (un investissement de plus de 130 millions d'euros, 8 millions d'euros de subvention annuelle de la Ville de Paris) ? De même la réhabilitation et l'isolation phonique du Louxor(3) dans le 18ème (pour un coût de 30 millions d'euros minimum) justifie-t-il de laisser à l'abandon le Grand Écran Italie(4) déjà doté, lui, d'une parfaite isolation et accessibilité ?
Contrairement aux propos du maire, il ne s'agissait donc pas pour la Ville de "se substituer au privé" mais de faire respecter la convention qui garantissait l'exploitation culturelle du lieu (à l'instar de celle que le même exploitant vient de signer avec la société d’aménagement et d’économie mixte Val de Seine pour la construction d'un multiplexe sur l’île Seguin(5)). Par ailleurs la séparation argent public/privé n'est pas aussi catégorique que les élus du 13ème veulent bien le faire croire (à commencer par notre très chère Sécurité Sociale, notre pays comporte un certain nombre d'organismes privés chargés d'un service public). Et le Grand Écran Italie, présenté à sa construction comme grand chantier de l'état et réalisation de la municipalité, n'a-t-il pas bénéficié d'un financement public sous la forme d'un prix préférentiel accordé sur le terrain, en contrepartie d'un certain nombre d'obligations considérées comme « essentielles et déterminantes » pour la Ville de Paris, et néanmoins jetées aux orties ? Aussi, même détenu par des fonds privés ce complexe audiovisuel sans équivalent dans toute la région n'en reste pas moins un équipement « d'intérêt général » investi d'une mission de service public qui n'a pas été respectée. (D'ailleurs le maire de Paris n'a-t-il pas envisagé de confier l'exploitation cinématographique du Louxor à un partenaire privé dans le cadre d'une délégation de service public(6) ?)
A l'heure où les cinémas se mettent à la retransmission de grands évènements culturels et sportifs(7), pour laquelle cette salle décidément en avance sur son temps a été spécialement conçue, c'est à juste titre qu'on peut "rêver d'un nouvel avenir pour le Grand Écran Italie"... Et s'interroger sur l'étrange obstination des pouvoirs publics à refuser toute recherche de solution culturelle alternative, revenant à cautionner le fait de faire financer par le contribuable parisien un profit immobilier pour Gaumont.
* Voir nos précédentes RÉPONSES AUX ARGUMENTS des élus
(1) voir "Le Grand Écran Italie en chiffres"
(2) dont s'inspire notre grand projet multiculturel pour la renaissance de la salle
(3) voir : "Brèves de salles"
(4) dont le prix indiqué dans la promesse de vente se monte à 7 millions d'euros
(5) apparemment sans que les habitants n'aient été davantage consultés (voir les réactions à cet article)
(6) "rechercher des financements, notamment privés" fait également partie des attributions du directeur du "104", réalisation publique (voir ce blog de Mediapart)
(7) voir "Le retour en grâce des salles uniques ?" et "Le Grand Ecran ferait une salle IMAX de premier choix"
Retrouver "LE CONTRIBUABLE PARISIEN A BON DOS !" sur LE POST.FR / ADA 13