Un marché de dupes !
- Dans sa réponse du 30/6/05 aux riverains, la Mairie de Paris justifie la disparition annoncée du Grand Écran Italie par un accord « d'ores et déjà intervenu pour que la société EuroPalaces installe au Gaumont Rodin, récemment fermé, la fondation Pathé qui mettra ses archives à disposition du public et des chercheurs. L'exploitant s'est également engagé à lancer un plan de rénovation du cinéma Gaumont-Fauvettes. »
- Dans son courrier du 4/1/06, Bertrand Delanoë affirme que les travaux d'amélioration du Gobelins-Fauvettes commenceront dès la fin du mois de janvier 2006 : en juillet 2008, on les attend toujours, et des rumeurs courent plutôt sur la fermeture de ces salles vétustes.
- Quant à l'installation de la Fondation Pathé au Gaumont Gobelins Rodin, le collectif Sauvons le Grand Écran objectait le 12/9/05 que « ce projet (aussi valable soit-il), destiné à une poignée de chercheurs et de spécialistes, ne représente qu'une infime compensation au regard de la perte du Grand Écran » qui a pour vocation d'accueillir un large public populaire venu de toute la région.
Difficile par ailleurs de croire qu'une société telle qu'EuroPalaces, à la santé financière florissante, conditionne la rénovation d’un cinéma de quartier à la vente d’une de ses salles les plus prestigieuses ! On peut par ailleurs s’étonner que le Gaumont-Fauvettes, dont les salles ne sont même pas aux normes, n’ait encore fait l’objet d'aucun travaux !
Les termes de ce marché de dupes sont rappelés dans la "motivation de la demande" présentée à la CDEC du 22 juin 2006 :
« Cette cession d'activité, officialisée par la fermeture du site le 3 janvier 2006, s'est effectuée en contrepartie d'un engagement pris par Europalaces auprès de la Ville de Paris de réinvestir sur les sites Rodin et Fauvettes. Le cinéma Fauvettes sera rénové tandis que le cinéma Rodin conservera son activité culturelle en accueillant les Archives du cinéma. Ainsi ces mesures permettront de conserver une activité culturelle et cinématographique qui contribueront à l'animation du quartier. Notons pour mémoire que le XIIIème arrondissement dispose de 28 salles. »
Or selon le Cahier des charges, l'obligation pour l'exploitant "de participer à l'animation du quartier et de l'arrondissement" s'applique au seul complexe audiovisuel "Grand Écran", et non à une autre structure : "ces obligations trouvant leur cause dans le caractère d’équipement culturel du complexe audiovisuel, qui doit participer à l’animation du quartier et de l’arrondissement, caractère en considération duquel le prix de cession du terrain est déterminé" (Art. 8).
En aucun cas un tel accord ne peut remplacer l’agrément de la Ville - voté en Conseil de Paris - requis pour toute mutation de propriété ou d’usage du complexe audiovisuel. A défaut de cet agrément imposable à tout acquéreur ou sous-acquéreur, la vente est irrégulière.
(Cet agrément obligatoire, dûment mentionné dans la promesse de vente signée en octobre 2004 entre EuroPalaces et la Foncière Teycpac, ne figure ni au dossier CDEC ni à la demande de permis de construire).
Par ailleurs, la présence des 28 salles, incluant les 14 salles du MK2 Bibliothèque situées à la périphérie-est de l'arrondissement, n'empêche pas le sous-équipement culturel du 13° (Voir : "La désertification culturelle du 13ème arrondissement")
◊
Cet article paru dans le Figaroscope du 25/06/08 tendrait à confirmer que cette opération annoncée depuis 2006 reste directement liée à la vente du GEI (elle-même restée à l'étape de la promesse de vente).
Evidemment l'association n'a rien contre l'installation de la Fondation Pathé, bien au contraire, mais pas "en échange" de la destruction du Grand Écran.
Le cinéma doit rester vivant au coeur de nos cités. Quel sens y a-t-il à installer les Archives du Cinéma dans un des quartiers les plus peuplés et les mieux desservis de la capitale, où rien n'est fait pour empêcher la fermeture des salles les unes après les autres ?
Le 13ème arrondissement n'a pas vocation à devenir un musée du cinéma !
Voir aussi :
→ "Fondation Pathé"