En 2014, quel avenir pour le Grand Écran ? (Causerie du "13 du Mois" - nov.13)
20 novembre 2013 à la librairie "Les Oiseaux Rares"
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En fait d'acteurs, les principaux brillaient ce soir-là par leur absence, que ce soient les richissimes propriétaires (les frères SEYDOUX) ou les représentants de la municipalité centrale, alors que c'est le maire de Paris, et lui seul, qui a toujours été l'interlocuteur - hélas complice - de PATHÉ dans cette affaire.
En dehors de la présidente et du vice-président de notre association les seuls "acteurs" présents furent donc deux conseillers de Paris, également élus de l'arrondissement : Philippe MOINE, adjoint à la culture du maire du 13ème, et Yves CONTASSOT, dont le groupe EUROPE ECOLOGIE LES VERTS est à l'origine du voeu adopté en juillet dernier par le CONSEIL DE PARIS "pour le maintien du GRAND ÉCRAN et de sa polyvalence".
Un consensus s'est tout d'abord dégagé dans l'assistance sur la valeur architecturale et culturelle de cet équipement unique à Paris, réalisé par l'un des plus grands architectes du XXème siècle. Puis une participante a soulevé la question du rôle des pouvoirs publics dans le devenir d'un bien privé. Yves CONTASSOT a alors fort justement rappelé qu'une opération de cette envergure nécessitant diverses autorisations (qu'elles soient d'ordre commercial ou culturel) était forcément du ressort des pouvoirs publics. Prétendre que "la Ville ne peut rien" comme l'a fait dès 2006 le maire de Paris - qui a donné son accord à tous les projets de démolition - est donc une tromperie.
LE 13 DU MOIS a ensuite abordé les deux projets de rachat en cours : celui des deux petites salles par le groupe HAMMERSON - propriétaire du centre Italie2 - pour en faire des boutiques, et celui de la grande salle par un jeune chef d'orchestre qui souhaite en faire une salle de spectacle polyvalente et un opéra.
Malheureusement ce repreneur, Franck CHASTRUSSE-COLOMBIER, qui prévoit d'ouvrir l'emplacement réservé dès l'origine pour une fosse d'orchestre, s'est vu réclamer une commission exorbitante par un marchand de biens, la FONCIÈRE DES TERRITOIRES, auquel PATHÉ a accordé une promesse de vente en début d'année. Les plus grandes incertitudes planent donc sur ce projet, pourtant annoncé comme "très avancé" en avril par Jérôme SEYDOUX (1) en personne. Car cette petite société immobilière au capital de 5000 € - sans aucun rapport avec l'ampleur de la transaction - prétend désormais exploiter elle-même la salle, ce qui est contraire à son objet social, et serait dans l'attente d'une licence d'entrepreneur de spectacle ! Or très récemment cette demande n'avait toujours pas été déposée. Tout porte donc à craindre que cette société - constituée pour l'occasion - ne soit qu'un leurre destiné à masquer une opération spéculative.
Plusieurs constats quasi unanimes se sont dégagés de ces échanges :
En premier lieu la richesse que représente le GRAND ÉCRAN pour le 13ème arrondissement, qu'il a contribué à redynamiser, et l'aberration que constituent sa fermeture (2) et les projets de destruction. Yves CONTASSOT, déplorant que la culture soit la première sacrifiée en temps de crise, estime qu'il n'y a pas trop de cinémas dans le 13ème (3) et que la reprise d'activité du GRAND ÉCRAN serait hautement souhaitable pour l'arrondissement et ses environs.
Selon lui, il n'y a aucune raison pour qu'une telle salle - aux infrastructures exceptionnelles et parfaitement desservie par les transports urbains - ne marche pas. Elle pourrait même s'autofinancer en fonctionnant sur le modèle du GRAND REX qui outre du cinéma programme avec succès, et sans aides publiques, des concerts et de l'évènementiel.
Philippe MOINE a toutefois tenu à saluer les actions de la mairie en faveur de la culture : ouverture d'un nouveau théâtre dans le quartier Paris Rive Gauche (qui en réalité ne fait que remplacer le THÉÂTRE DU LIERRE démoli) et plus récemment celle du nouveau Conservatoire du 13ème. Mais pour l'association - dont la neutralité politique a été soulignée - ceci ne doit pas masquer le déséquilibre flagrant entre la rive droite et la rive gauche en matière d'équipements culturels, ni le manque d'empressement des pouvoirs publics à faire aboutir favorablement le dossier Grand Écran ; et en particulier de la VILLE DE PARIS, qui depuis la fermeture a violé toutes les précédentes délibérations du CONSEIL DE PARIS visant à protéger la salle.
Les discussions ont surtout fait ressortir l'incompréhension générale face aux blocages rencontrés depuis huit ans par les candidats-repreneurs successifs, y compris le dernier en date alors même que son projet est censé rencontrer les faveurs de l'équipe municipale !
Comme il a été relevé dans l'assistance, la succession de revirements, d'atermoiements et d'effets d'annonces dans cette affaire s'apparente à un véritable polar (qui sait peut-être un jour en vente dans la librairie !)
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(1) coprésident de PATHÉ
(2) en 2006 par EUROPALACES (PATHÉ-GAUMONT)
(3) le directeur du Pathé-Beaugrenelle a récemment estimé qu' "à Paris, qui concentre 30% des entrées de cinéma de toute la France, il n'y a pas assez d'écrans", contrairement à ce qu'on nous serine depuis 7 ans (voir cet article du Parisien)
Voir nos derniers courriers :
- Courrier à Jérôme Seydoux (07/11/13), resté sans réponse
- Courrier à Bertrand Delanoë (15/11/13)
- Réponse de la Mairie de Paris (28/11/13)